Cadavre version Pin-up de la Mama#2, 2007.
Restes du dispositif épinglés au mur.

éMatome… est un nom que je pose avec un sourire très peste, et un réel désir de turbulences. Il évoque une collection de sangs, d’êtres, et d’histoires.

Arachnicides, 2006-2007.

Arachnicides, 2006-2007.

Je suis arachnophobe, mais arachnides* aussi.

Je suis donc ma peur et mon pire cauchemar. Posé comme ça, ça sonne louche, mais j’ai une posture un poil schizoïde. Ces petits monstres de l’ordinaire, issus des profondeurs autant que de la surface, ces petites bestioles, bien noires, bien velues, qui se planquent dans ton intérieur, je les traque, et je les fuie aussi. Je t’aime, moi non plus. Pendant la traque, ça leur arrive de perdre une patte, voire deux, restées coincées dans l’au-delà. Tantôt je les tue, je les réduit au silence, tantôt je les transcende en leur conférant un pouvoir infini. 

Il m’arrive aussi de leur piquer leur bouffe, pour pas qu’elles grossissent et qu’elles aillent voir ailleurs…

Quand je suis bien lunée, je veux les sortir de leurs planques, les mettre en pleine lumière pour amoindrir leur force et décortiquer leur pouvoir. Exorciser, enfin, certains phénomènes asservissants.

Mais elles racontent quoi en fait ces bestioles de l’ombre ? De moi, de nous, de ce monde ? 

* Famille des araignées, scorpions et acariens.

 

éMatome porte atteinte à nos certitudes, à nos conditionnements, elle parasite et embrouille, éclaire nos dissonances.

Ma Louve, 2004. Marionnette déshabillée, customisée avec mes dents.  (dents de lait, dent de sagesse, molaire plombée, couronne, et les dents qui poussent avec la vie)

Ma Louve, 2004.
Marionnette déshabillée, customisée avec mes dents.
(dents de lait, dent de sagesse, molaire plombée, couronne, et les dents qui poussent avec la vie)

Enfant, elle adorait se demander pourquoi elle n’était pas un brin d’herbe. Ça l’envahissait de vertiges et son univers vacillait. Amusée, elle avait trouvé un jeu, qui lui ouvrait la voie vers des mondes inconnus. En grandissant, confrontée aux formatages omniprésents, l’idée que nous sommes bien plus grands que ce que l’on croit, fait son chemin. Quels potentiels inexploités, étouffés par nos sociétés, sont juste là, tapis dans l’ombre de nos existences ?

éMatome épluche cette réalité. Elle porte atteinte à nos certitudes, à nos conditionnements, elle parasite et embrouille, éclaire nos dissonances. De l’objet manifeste à l’installation immersive, de la condition des Femmes à ses hommages à l’Invisible, elle nous invite à explorer des parcelles inconnues de nous-même, pour en extraire d’autres possibles. 

Stop Cover(ing) Me, 2006.

Stop Cover(ing) Me, 2006.

Élevée en partie par Topor, j’étais fascinée de voir tous ces objets inanimés nous raconter la vie. Il était un peu chamane ce Topor, non ? Physicien quantique aussi, surement, avec ses interviews de gluons, êtres microscopiques qui composent toutes choses. Non seulement les objets parlaient, mais en plus à l’intérieur d’eux, il y avait d’autres êtres qui eux aussi avaient des choses à dire… Mais bordel, il y a combien de dimensions en fait ?

Vers l’âge de 11 ans, mon corps a rencontré des mains qui n’y était pas invitées. De là ma peau s’est vue hantée par ce danger potentiel et omniprésent qui plane au-dessus des femmes. L’agressivité fut ma parade et mon armure pour devenir inapprochable. Je me suis en partie occultée. Ma pousse fut bancale mais ce déséquilibre était vital pour subsister, sans trop me faire abîmer.

J’ai clos mes études avec un projet intitulé «Putsch» issu de réflexions et problématiques féministes. Projet borderline entre l’art contemporain et la mode. Plonger dans l’histoire des femmes et tenter de comprendre l’origine de la domination masculine, ne fut pas chose facile. Plus je m’en imbibais et plus un fossé se creusait entre moi et le monde. C’était viscéral, il fallait que j’y aille. Lors du diplôme, j’ai eu le privilège d’avoir l’inspectrice des inspecteurs …lire la suite